Le style Shotokan & la JKA
Le dojo Shotokan
La construction du dojo Shotokan débute en 1935 pour s’achever l’année suivante. Le dojo se situe dans le quartier de Meijuroko à Tokyo. L’argent provient d’une collecte organisée dans tout le pays. Funakoshi arriva un matin au dojo pour apercevoir un écriteau au-dessus de la porte d’entrée sur lequel ses étudiants avaient écrit Shotokan, la maison de Shoto. A l’origine, Shotokan désigne le bâtiment et non le style, « Kan » désigne le lieu, le dojo et « Shoto » est le pseudonyme sous lequel Funakoshi écrivait ses poèmes. L’arbre qui représente Okinawa est le Ryukyu Matsu, le pin de Ryuky, qui peut atteindre une taille de 15 mètres. En vieillissant, la couronne de l’arbre s’écarte pour former un ensemble de branches majestueux. Il est souvent planté en bordure des routes, et est employé couramment dans les bonsaïs, et comme coupe-vent. Littéralement, « Shoto » désigne l’ondulation des pins sous le vent, le mouvement des longues branches de cet arbre lorsqu’il vente. Plusieurs de ces arbres centenaires ont malheureusement été détruits par les bombardements américains lors de la deuxième guerre mondiale.
Shomen Funakoshi Gichin et l’Empire du Soleil Levant
Shomen Gichin Funakoshi est considéré comme le Père du Karaté moderne. Importateur du Karaté-Do au Japon et créateur du style Shotokan, il a fait évoluer la forme initiale du karaté d’Okinawa. C’est pourquoi, il est perçu comme un fondateur dans beaucoup de dojos sur la planète. Fils de Tominakoshi Gisu, il est né dans les premières années de la période de restauration Meiji, dans la contrée de Yamakawa, à Shuri, sur l’île d’Okinawa. Enfant chétif, il s’initie à l’art de combat des Ryukyu auprès de différents Maîtres. A cette époque, les arts martiaux étaient interdits par le gouvernement, et les entrainements avaient lieu secrètement la nuit. Son premier poste à 21 ans, fût celui d’instructeur adjoint dans une école primaire. Plus tard, une promotion l’amènera à travailler à Naha. « Ce fût la plus grande chance qui me laissa le plus de temps et de possibilité de pratiquer le karaté ». Devenu maître d’école, il enseignera durant le jour et poursuivra la pratique du karaté le soir, chez Maître Azato. Funakoshi rencontre ensuite Maître Itosu au début du XXème siècle. Il participe avec lui à la première démonstration officielle d’Okinawa-Te, rapidement suivie par d’autres à travers tout le Japon. Les japonais présents furent impressionnés qu’ils lui demandèrent de rester au Japon pour y enseigner sa technique. Dès le début des années 1920, le karaté fût implanté dans les écoles élémentaires japonaises. C’est à cette époque qu’il changera son nom de famille Tominakoshi pour Funakoshi, le mot « Funa » étant un diminutif signifiant : « qui traverse l’océan en bateau ».
La popularité grandissante du karaté incita de nombreux d’autres experts d’Okinawa à venir enseigner leur style au Japon. Bien que les techniques puissent différer, le karaté de ces maîtres obéissait aux mêmes principes de base. Le succès qu’il rencontre alors, le convainc de s’installer à Tokyo et d’y commencer le développement du karaté en passant par les universités pour parvenir à ses fins. En 1922, Funakoshi fonde son propre style, l’Okinawa-Te, qui deviendra par la suite le ShotokanRyu. En 1924, il ouvre son premier club. Trois ans plus tard, il en aura quatre supplémentaires.
De son école sortent de célèbres Maîtres : Nakayama, Nishiyama, Kanazawa et Nagamine. A l’époque Shotokan désignait le nom de son dojo et non celui du style. « Shoto » étant le nom de plume qu’avait donné Maître Funakoshi pour signer ses poèmes. Chargé d’enseigner le karaté à l’université de Tokyo, il ne retournera jamais à Okinawa et meurt le 26 Avril 1957 à l’âge de 88 ans d’un cancer de l’estomac.
Funakoshi Yoshitaka, son fils successeur
Yoshitaka poursuivra la recherche que son père cessa vers l’âge de 70 ans, il introduisit de nouvelles techniques comme le yoko-geri, le mawashi-geri et le ushiro-geri. Reprenant l’idée que Maître Otsuka avait émise quelques dix ans auparavant, Yoshitaka introduisit la notion de kumite. Le ippon kumite s’est étendu au jyu ippon kumite, puis au jyu kumite. A cette époque le karaté était uniquement un « budo », et ce n’est que plus tard qu’il s’orientera vers un concept plus sportif. Il existait bien une forme de « shiai », le « kokan geiko » qui était l’ancêtre de la compétition actuelle.
En 1945, sa santé se dégrade, Yoshitaka est hospitalisé et meurt finalement de la tuberculose. Les premiers traitements antibiotiques efficaces pour cette maladie n’apparurent qu’en 1950. A l’époque où il prit la responsabilité du Shotokan, vers l’âge des 30 ans, il avait déjà dépassé de 10 ans la limite de vie que les médecins lui avaient fixée. Son style très personnel est celui que plusieurs karatékas adopteront plus tard.
Nakayama Masatoshi
Nakayama Sensei est né en 1913 dans la ville de Yamagushi au Japon. Initié au Kendo, par son père Naotoshi, il entre à 19 ans à l’université Takushoku de Tokyo pour étudier les langues et l’histoire. C’est à cette époque qu’il commence le karaté, il passera cinq années de sa vie au contact de Maître Funakoshi. Il quittera ensuite Tokyo pour se rendre à Pékin dans le cadre de ses études universitaires pour approfondir ses connaissances sur l’histoire de la Chine, et perfectionner le mandarin. Il entre en contact avec des maîtres chinois de boxe qui l’initient. Nakayama passe onze ans en Chine pour revenir en 1945 à Tokyo après la défaite du Japon pour reprendre sa pratique du karaté avec Maître Funakoshi. Il fonde en 1949 avec d’anciens disciples du vieux Maître, la Japan Karate Association. Il en sera le principal animateur jusqu’à sa mort.
Parmi ses nombreux accomplissements sont :
- la création de la J.K.A, une organisation de 10 millions de membres dans plus de 155 pays
- du karaté comme sport
- la J.K.A a organisé en 1957 le premier tournoi « All Japan Karate Tournament » qui était le premier championnat du monde de karate
- le programme d’instructeurs de la J.K.A
- et le développement du karaté aux U.S.A et le reste du monde.
Le 14 avril 1987, Masatoshi Nakayama meurt à l’âge de 74 ans. Sensei Okazaki a dit de lui : « Il a été un véritable Maître de karate-do qui a complètement absorbé toute la philosophie, techniques et idées de Funakoshi, et a consacré toute sa vie en les transmettant au monde entier ». Jusqu’à son décès, il a continué à voyager pour enseigner, transmettre ses connaissances, toute en écrivant une vingtaine de livres sur le karate-do: « la Dynamique du Karate » (2 volumes), la série « Best Karate« , « Les Katas de Karate » (5 volumes) et « Karate Supérieur » (11 volumes).
Gichin Funakoshi décède le 26 avril 1957. Deux mois plus tard, Nakayama organisera les premiers « All Japan Karate Championships« . Le vainqueur fut un homme qui par la suite deviendra une référence dans le karaté Shotokan : Hirokazu Kanazawa.
Kase Taiji
Né au Japon en 1929, il y étudie tout d’abord le Judo et l’Aikido. Il connaît ses premiers entraînements de Karaté dans la marine, dans des conditions très violentes, et s’entraîne ensuite au dojo de Yoshitaka Funakoshi, le fils de Gichin Funakoshi, grand maître qui a su intégrer le Karaté dans le Japon moderne, tout comme Maître Nakayama a su le diffuser dans le monde entier.
Comme les plus grand maître japonais au milieu des années 60, tel Maître Kanazawa par exemple, il est chargé de la divulgation de cette discipline à travers le monde et visite l’Afrique du Sud, les Etats-Unis et l’Europe. C’est sur l’initiative de Maître Plée qu’il arrive un jour de l’année 1967 à la gare de Lyon à Paris. Trois personnes l’accueillent : Henry Plée, un ami italien et Jean-Pierre Lavorato, son élève le plus ancien qui est sans conteste en France le Chef de file de ce courant du Karaté.
Kanazawa Hirokazu
Deux mois après le décès de Funakoshi, Maître Masatoshi Nakayama organise les premiers « All Japan Karate Championships ». Le vainqueur fût Hirokazu Kanazawa.
Sensei Kanazawa naît à Kanegawa en 1940. Il est un des derniers étudiants direct de Gichin Funakoshi à l’université de Takushoku. Il a continué comme élève de Maître Nakayama et fut le premier Champion du Japon pendant 2 années consécutives, en 1957 et 1958. Il parvint à gagner la finale de 1957 avec une main fracturée. L’année suivante, après quatre prolongations, les juges désignèrent deux champions, Kanazawa et Mikami. Sa longue carrière d’enseignant commence en 1960. Il fondera ensuite la Shotokan Karaté International Federation. Il est aujourd’hui 10ème DAN. Depuis cette époque, Senseï Kanazawa est reconnu et respecté mondialement.
La relève de la dynastie Kanazawa semble bien assurée : trois fils instructeurs de karaté et une petite fille déjà acquise à la cause du karaté à l’âge de 7 ans.
Sources :